A l’automne 2008 les joueurs découvraient les Goos, de petites créatures rondes possédant la particularité de pouvoir s’assembler créant ainsi des structures aux formes et propriétés diverses et variées. Ces gouttes de glue sortaient tout droit de l’imagination de Ron Carmel et Kyle Gabler, deux anciens de chez Electronic Arts qui fondèrent par la suite 2B Boy, leur propre studio de développement. Sorti initialement sur Wii et PC, le jeu présentait des règles simples mais efficaces avec un objectif récurrent, trouver le moyen de combiner les Goos afin de leur permettre d’atteindre le tuyau d’évacuation.
Du temps a coulé depuis et ce portage destiné à la Switch intervient à l’aube de son dixième anniversaire. Les mécaniques qui faisait le succès du jeu en 2008 sont-elles toujours aussi attrayantes de nos jours ? Le soft se prête-t-il ou non au concept porté par la console hybride de Nintendo ? C’est ce que nous allons tenter de découvrir.
Des Lemmings à Mario robot, les concepts ne manquent pas lorsqu’il s’agit de prendre les bestioles un peu bêtes par la main pour les guider vers la sortie. Pourtant, les Goos ne s’inscrivent pas tout à fait dans cette catégorie puisqu’ils ont tous développé, en fonction de leur espèce et de l’environnement dans lequel ils évoluent, des aptitudes leur permettant de s’extirper les situations les plus saugrenues. Ne leur manque plus que la réflexion, cette idée qui leur permettrait d’unir leurs forces afin d’atteindre leur objectif, c’est là que le joueur intervient. Les développeurs ont réussi à créer un moteur physique très efficace nous permettant d’assembler les Goos afin de créer des structures qui nous permettront alors de traverser un ravin, s’envoler vers les cieux ou encore se sortir du tambour d’une machine à laver. Les notions de poids et de distance sont bien évidemment prises en compte et l’effet bras de levier omniprésent ce qui corse encore un peu la difficulté mais donne également tout le sel de l’exercice, aisément comparable à la construction d’une tour de dominos. Et que dire des niveaux jamais à court d’idées se renouvelant sans cesse afin de multiplier les situations, le joueur n’aura pas le temps de s’ennuyer.
Bien qu’épurés par soucis de visibilité, les différents niveaux ont néanmoins bénéficié du plus grand soin, tant dans leur design que dans leur approche manette en main. Pour ne rien gâcher, la musique composée par Kyle Gabler, également à l’origine des graphismes et du scénario, est parfaitement dans le thème et les vingt-sept morceaux qui composent la bande originale parviennent à donner un ton à la fois mystérieux et mélancolique, parfois dynamique à l’ensemble, avec parfois des notes qui nous hissent les poils. Si le jeu vidéo n’est pas un art en soi, on sent bien là qu’il y a, de temps en temps, de véritables artistes aux commandes.
Devant un tel déferlement d’idées, les niveaux s’enchaînent et le joueur aura bien du mal à s’arrêter surtout que, tout comme sur la version Wii, l’aventure peut être partagée avec un autre joueur. Sympathique sur le papier, l’affaire est tout autre joy-cons en main puisqu’il faudra une parfaite coordination ainsi qu’une excellente communication pour enfin réussir à construire quelque chose sans se crêper le chignon, surtout que les pointeurs de la Switch se trouvent bien souvent au cœur de la tourmente. En effet, il faut savoir que dès que qu’un Joy-con ne cible plus la dalle du salon, cela dérègle complètement la visée. Un problème qui semble avoir été relevé à la réalisation puisque les boutons + et – sont là pour redéfinir notre position neutre, si bien que les plus agités d’entre nous pesteront constamment contre les contrôles «mal pensés» ou «qui buggent» d’autant que le scrolling s’effectue en ciblant le bord de l’écran. Des défauts forts dommageables étant donné l’extrême précision de la manette qui se paie même le luxe de camoufler les micro-tremblements. Un soft à réserver néanmoins aux plus calmes et posés d’entre nous.
Niveau modes de jeux, on ne peut pas non plus dire que cela soit la panacée. Outre le mode aventure regroupant les quatre mondes ainsi que son épilogue, le joueur un tantinet exigent est en droit de demander un petit surplus. Malheureusement, ce ne sont pas les crédits ni l'éternel World of Goo Corporation qui nous pousse à monter des tours de Goos afin de comparer avec les autres utilisateurs qui a la plus...haute, qui vont vous faire passer ce sentiment de vide. Notons tout de même que vous pourrez écouter les vingt-sept pistes de l'OST à loisir, un faible contenu post-game diront certains, mais c'est déjà ça et nous on ne s'en lasse pas !
En conclusion, j'achète World of Goo...mais pas sur Switch !
Mon avis à moi
Presque dix ans après sa sortie, le principe de World of Goo reste encore diablement efficace pour peu que vous n'ayez pas déjà touché au titre sur d'autres plateformes. Car oui, on ne va pas se mentir, cette édition sur Switch n'apporte pas plus d'eau au moulin du jeu qui a fait la renommée de 2B Boy sinon sa portabilité. Pire, si l'on retrouve sans problème les qualités intrinsèques du jeu original, sa philosophie ainsi que son principe et sa physique à toute épreuve, sa jouabilité au pointeur n'est pas aussi naturelle qu'on aurait pu le penser. Un titre qu'on est heureux à voir porté sur la console de notre cœur, mais que l'on prendra moins de plaisir à jouer aux Joy-cons qu'à la souris.
A qui s'adresse World of Goo ?
. Aux amateurs de puzzles
. A ceux qui cherchent de l'originalité
. A ceux qui aiment les relations courtes...mais intenses et sans prolongations
. A ceux qui aiment les compositions de Kyle Gabler
A qui ne s'adresse pas World of Goo ?
. Aux joueurs en manque d'action
. A ceux qui jouent sur d'autres plateformes
. Aux traumatisés du motion gaming
. Aux sourds, qui passeront à côté de quelque chose...
Damien5011